Lettre périodique N°3 – 06/2024
PATRIMOINE CULTUREL : Vers un classement à l’UNESCO de nos pratiques de pêche aux engins et aux filets.
Depuis quelques mois le conseil d’administration de la FN ADAPAEF conduit ce dossier pour obtenir fin 2025 notre reconnaissance culturelle. Ce projet d’inscription des pratiques et modes de pêche des pêcheurs amateurs aux engins et filets au patrimoine culturel immatériel (France) de l’UNESCO est un enjeu majeur pour la pérennité de nos activités.
Cette démarche a pour origine le congrès 2023 de la FN ADAPAEF où les associations ont voté à l’unanimité ce projet.
Basée sur la référence des modes de pêche autorisés par le code de l’environnement cette recherche de classement est guidée par une volonté nationale pour tous les départements ayant une association, y compris les départements d’outre-mer.
Par ailleurs, la commission spécialisée des PAEF de la FNPF a demandé le soutien de la fédération nationale de la pêche en France au travers de futurs avis requis par les ministères et les subventions qui seront demandées par la FN ADAPAEF.
La légitimité du portage du projet par la FN ADAPAEF repose sur l’adhésion de 37 sur 44 ADAPAEF de France regroupant 96% des pêcheurs aux engins et aux filets.
Nous devons noter que ce classement n’a pas de portée juridique directe, mais peut constituer un argument contre les éventuelles interdictions de pratique.
Pour conduire ce dossier, la Fédération nationale des ADAPAEF a missionné l’anthropologue Anatole Danto, spécialiste de la pêche aux engins, pour évaluer l’opportunité pour la fédération de s’engager dans une démarche de reconnaissance patrimoniale. Cette reconnaissance vise à inscrire l’ensemble des pratiques des pêcheurs amateurs aux engins et filets existantes sur le Domaine public fluvial (DPF) métropolitain à l’Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel (PCI).
Le Patrimoine culturel immatériel est une nouvelle catégorie de patrimoine (en sus du patrimoine naturel, du patrimoine artistique et mobilier, ou encore du patrimoine bâtimentaire), consacrée par une convention de l’Unesco, adoptée en 2003. Cette convention, que la France a ratifié en 2008, permet de reconnaître, préserver et valoriser le patrimoine vivant, détenu par des « communautés » de pratiquants. Il existe cinq sous catégories de PCI, par exemple consacrées aux traditions orales, aux fêtes, ou aux relations entre l’Homme et la nature et l’univers.
Le ministère de la Culture assure le suivi national de cette convention, et en pilote l’inventaire français, qui comporte désormais plus de 520 éléments inscrits, dont plusieurs pratiques de pêches, fluviales comme maritimes, professionnelles comme de loisir. Le ministère soutient ainsi les démarches des communautés qui souhaitent une reconnaissance du patrimoine vivant qu’elles possèdent, et assure la coordination en veillant notamment à la production de fiches d’inventaires qualitatives, réalisées par les communautés, en association avec des anthropologues.
La FNADAPAEF souhaite ainsi engager une mise en patrimoine des différentes pratiques qui la constituent, en engageant un inventaire exhaustif national des pratiques. Au-delà du seul acte de pêche, c’est tout ce qui entoure l’activité de la pêche qui va être étudié : la gastronomie, les festivités, la vannerie, la charpenterie, les savoirs écologiques, ou encore les relations sociales permises par ces pratiques. L’inventaire des pratiques, dans leur diversité, va être conduit sur les années 2024 et 2025. Ce travail s’appuiera sur une enquête ethnographique, et aboutira à la production d’une ou plusieurs fiches d’inventaire, qui seront ensuite soumises au ministère de la Culture pour avis et relecture. Lorsque ces documents seront considérés comme qualitatifs scientifiquement parlant, ils seront ensuite soumis pour instruction au CPEI (Comité du Patrimoine Ethnologique et Immatériel), qui siège environ 3 fois par an, et qui décidera ou non de l’inclusion des pratiques inventoriées à l’Inventaire national.
La ou les fiches alors produites sont versées sur l’inventaire accessible en ligne, et ouvert à la consultation du grand public. Les archives collectées sont versées aux Archives nationales. Les documents permettent également à la communauté d’obtenir une synthèse et un état des lieux de leurs pratiques à un instant donné. La validation par le CPEI entraîne la possibilité pour la communauté qui porte la pratique, de demander à arborer l’emblème « Patrimoine culturel immatériel de la France.
Depuis quelques mois, l’anthropologue Anatole Danto a démarré une mission d’évaluation et de calibrage d’un futur inventaire national. Les deux prochaines années seront mises à profit pour l’engager concrètement, avec le soutien du ministère de la Culture, qui accompagne techniquement la démarche, jusqu’à aboutir à un classement. Le Patrimoine culturel immatériel est une catégorie patrimoniale relativement contemporaine, mais qui commence à s’inscrire réglementairement dans les textes français (Code du Patrimoine par exemple), et en association, de plus en plus, avec des textes englobant les nouvelles catégories juridiques de « Droits culturels ».
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